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Chevalier Ordinaire

Ma vie n'est pas très compliquée, je suis en quelque sorte à la recherche de quelque chose ..Je ne désespère pas de donner un sens à cette drôle d'aventure...Voici la quête inutile du chevalier Ordinaire !

QUÊTE 84 // La quête du quelconque quelqu'un ...

Publié le 20 Décembre 2019 par Chevalier Ordinaire in LES QUÊTES INUTILES

QUÊTE 84 // La quête du quelconque quelqu'un ...

Assis au milieu d'une forêt, j'écoutais, brumeux ,le chevalier symphonique nous offrir un parcours enchanté de nuances musicales qui donnaient la bande-son de la soirée que nous passion.. Tout en aspirant sur une cigarette éteinte, je laissais mes sens s'éveiller aux douces mélodies qui semblaient fusionner avec les senteurs forestières pour nous embrasser tous comme une seule chose et, lovés dans l'image féérique que transportaient toutes ces sensations, nous parlions de nos quêtes, de ces choses profondes qui débordent de nos têtes d'inadapté chronique... Parmi les conquistadors amassés pour l'occasion, il y avait un nouveau et voyant que le nouveau ne semblait pas faire partit du tableau, je l'invitais à participer à l'interaction, à nous faire profiter de ses quêtes, de ses découvertes..
-"Ben moi, c'est pareil que vous. Je me pose plein de questions tout le temps et je passe mon temps à réfléchir à des trucs auquel personne ne pense, et j'adore les sensations et des fois je me dis que la vie c'est vraiment un truc super profond"
durant sa courte intervention je m'étais redressé, je venais de prendre conscience d'un défaut dans la situation... je luis demandait alors :
-comment es-tu arrivé jusque ici?
-Je ne sais pas, comme vous, je pense
-Ouai, c'est bien ce qu'il me semblait, bienvenu dans la quête du quelconque quelqu'un!

Je vais te raconter l'histoire de Charles, le quelconque quelqu’un.
Charle était un homme quelconque qui marchait en regardant ses pieds et qui n'aspirait à rien d'autre qu'à être accepté par les autres. Sauf qu'il rendait tout le monde totalement indifférent parce que Charles n'avait rien de particulier. Un jour, alors que Charles était en train de marcher en regardant ses pieds dans la forêt, il se fit accosté par un curieux personnage qui, contrairement à Charles, était particulier et aspirait à quelque chose. Le curieux personnage était un teufeur, le genre de gugusse qui pense musique, qui ressent musique et qui ne vit que pour sentir son coeur s'arrêter à chaque fois que les enceintes de teknival lui balance à la gueule d'énorme bombombom.. Il était fascinant et il a invité le quelconque Charles (comme pour le réveiller) à venir avec lui au coeur de la forêt pour se "poser" avec quelque personnage. Charles l'a suivi, Charles s’est assis avec les personnages et Charles les a tous trouvé incroyables. Le rêve de Charles a toujours été d'être accepté par les autres donc pour leur plaire, il va faire semblant d'être comme eux, de parler comme eu, de déconner comme eu, de s'intéresser aux mêmes choses qu'eux. Le lendemain, lorsque Charles se réveille, au bord du feu dont quelque braise persiste, il n'y a plus personne.. Charles, en regardant ses pieds, rentre chez lui.

Charles est content d'avoir fait partit d'un groupe, le lendemain à la première heure, il commande sur Amazon quelque vêtement qui représente leur accoutrement, s'achète une veste de l'armé, se laisse une barbe, porte des jeans crevés (mais que le week-end), il tape "musique électro" sur YouTube pour écouter à fond les choses du groupe.. Et l'imposture commence à s'accrocher à lui, de telle sorte qu'au boulot, tout le monde l'appelle "le teufeur" il adore voir du coin de l'oeil la réaction des gens qui entendent la musique qu'il écoute à fond dans son casque, ça lui fait plaisir puisqu'enfin, il devient particulier.

Son déguisement fonctionne à la perfection puisque désormais il est le seul à savoir qu'il s'agit d'un déguisement.. Depuis qu'il a un plug à chaque oreille, il y a beaucoup de personnages incroyables qui vienne lui parler sans même se rendre compte qu'ils ont à faire à Charles le quelconque quelqu’un, et lui est prés à tout pour gardé sa place alors il crie bien plus fort que les autres, est bien plus vulgaire, bois bien plus de biere parce qu'il veut montré au autre qu'il est aussi cool qu'eux, même quand il à poussé la vieille pour faire marer les autres, ça l'a pas gêné Charles, parce ce que ce qu'il aime, c'est voir dans leurs yeux qu'il est cool..

Donc donc tu cernes à peu près le personnage et il n'est pas nécessaire de continuer d'expliqué ce que tu peux aisément projeter. 

Il y a plusieurs problèmes à cette situation :

1. L'apparat:
Dans tout son cheminement de quête identitaire, Charles ce coquin ne s'est intéressé qu'a "l'apparat identitaire". C'est-à-dire qu'au lieu de "chercher à ressentir la musique au fond de lui" et laisser ça déborder sur sa façon d'être, de se comporter, etc, il s'est contenté de simuler la manière dont cela se percevrait. Charles est un récipient sans contenant, le groupe n'est pas une histoire d'apparence (enfin ça existe, mais ce n’est pas le propos), le groupe est une histoire de passions qui peuvent parfois être perceptibles, c'est ça qui rend ces drôles de gugusses intéressants.

2.la caricature:
Ne ressentant pas l'émotion qui donne légitimité à la manière d'être et ne cherchant pas à la percevoir, l'expression ne peut être que caricatural, car Charles ne comprend pas pourquoi ils font ça, donc il fait les choses comme une fille sans plaisir qui simulerait au moindre frottement, un orgasme transcendantal, c'est très mal dosé et c'est le principe même de l'inexpérience. Charles recherche par mimétisme la représentation d'émotion qu'il n'aura jamais, le problème est qu'en caricaturant, il vit dans l'illusion que tout le monde simule, et simule "à la manière de" sans trouver ça gênant.. 

3.La légitimité
Charles n'est pas un mauvais personnage, il n'a pas d'intention négative, mais sa supercherie à un effet extrêmement néfaste sur la légitimité du groupe. Ce ne sont pas les punks qui ont réglementé à outrance leurs styles jusqu'à le faire disparaitre, ce sont les Charles qui ont voulu se faire passer pour des punks qui ont rendu tout ça ridicule (les Charles on réglementé le style (on montrer les contours du style punk)) et une fois que le style était délimité, il est devenu comme une mode qui finirait par passer). Car Charles va catégoriser les détails perceptibles, le langage, le vocabulaire, les références, les fréquentations, mais il n'y aura jamais la seule chose qui fait que le groupe existe , les gros boom boom dans ta gueule.

4.Le vrai
Charles, avec sa liste de référence et avec sa perception extérieure du dress code, va se sentir (pour prouver sa légitimité) obligé de valider ou non les autres membres du groupe, à base de "tes pas un vrai puisque tu ne suis pas la procédure". Comme un vigile à l'entrée d'un sex shop, qui ne laisserait entrer que les poufs en cuir et talon et les pervers moustachus parce que c'est l'image qu'il se fait des clients potentiels de ce genre de lieu.. Le gars qui ressens les booms booms, et peut parler pendant des heures des sensations de la musique, ne sera pas validé par Charles s'il n'a pas au moins un plug à chaque oreille, des tatouages pleins les bras et s'il ne connait pas ce DJ qui traine à Berlin qu'est hyper connu!

5.La limite
Le problème que je trouve le plus gênant, c'est le dosage. Le dosage est quelque chose que l'on croit pouvoir associer à la structure, mais qui s'avère être le fruit des aspirations de chacun. Je sais ce que je veux, qui je veux être et partant de là, je vais savoir ce que je veux faire.. Charles ne le saura pas, il ne sera pas dicté par sa recherche de plaisir, sont désir de repousser les limites ou son souhait de liberté, il ne sera que dans la démonstration de sa légitimité donc, il n'aura aucune notion de limite, ni de plaisir d'ailleurs, puisqu'il se basera sur la caricature grossière qu'il se fait de l'autre.

6.Et après?
C'est ça la blague, Charles n'est personne, en tout cas n'a jamais cherché qui il était, trop occupé qu'il fût à camoufler sa nature quelconque. On n'a jamais aimé Charles pour ce qu'il était, donc, une fois que les amis s'éloignent, Charles s'éteint. Peut être qu'il gardera ses piercings et tatouages, mais il ne s'agira plus que d'anecdote passée et sa femme aura vite fait de trouver l'insignifiant et quelconque quelqu’un qui se cachait sous le déguisement. 

Charles aurait pu se chercher, chercher ce qu'il aimait, ce à quoi il aspirait et petit à petit, se découvrir.. Mais il a préféré s'offrir un rôle "clef en main",comme une pucelle en quête d'amour qui commencerait par un gang bang .. Il y a des préliminaires à tout, un apprentissage, une évolution (qui permette de connaitre et d'apprécier, ses souhaits, ses aspirations), et bruler les étapes est le meilleur moyen de se retrouver détaché de ce à quoi on est confronté, comme un rôle que l'on jouerait sans imaginer que tout ça peut être épanouissant (pour nous même, pour le quelconque Charles). Je n'ai rien contre les quelconques quelqu’un, mais si tu souhaites être quelqu’un, cherche-toi, mais ne prend pas le rôle d'un autre.

Pour en revenir à mon histoire, on a passé la soirée ensemble avec le nouveau, c'était un coquin déguisé en chevalier. Dès que le soleil s'est levé, on l'a emmené jusqu'à l'entrée de la forêt et on a recommencé le chemin du début.. Maintenant, à la question  "comment es-tu arrivé jusqu'ici?" il a quelque chose de pertinent à répondre. 

PS: Si tu prends conscience en lisant ce texte que tu es un Charles, il n'est jamais trop tard, l'avantage avec le déguisement, c'est qu'on peut l'enlevé.

Bisous!

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