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Chevalier Ordinaire

Ma vie n'est pas très compliquée, je suis en quelque sorte à la recherche de quelque chose ..Je ne désespère pas de donner un sens à cette drôle d'aventure...Voici la quête inutile du chevalier Ordinaire !

QUÊTE 89 // La quête de la procédure sociale..

Publié le 7 Mars 2020 par Chevalier Ordinaire

QUÊTE 89 // La quête de la procédure sociale..

Voilà 2 ans maintenant que le célèbre réalisateur social Steve Mc Jooby nous faisait languir avec son prochain film d'action/romantique/érotique que tous les médias avaient vendu comme le film qu'il ne faudra pas raté cette année. Depuis un an déjà, un hachtag #MCJOOBYMOOVY permettait aux fans du monde entier de rendre hommage au cinéma de Mc jooby et à son acteur fétiche, l'irremplaçable Calakash DOORING. Nous arrivions vers la dernière ligne droite, la vague de produit dérivé du film avait commencé à inonder les super marchés, les espaces publicitaires étaient plains jusqu'à la gueule d'objets, de micros scène de film, même ma mère commençait à m'en parler.. Une tension hystérique finissait de s'installer et tout le monde était à l'affut du moindre extrait de ce film, instantanément culte, dont le
Teasing insoutenable dessinait en avant première, les codes vestimentaires, les lieux, les attitudes qu'il faudrait connaitre pour briller.. Je les connaissais et j'étais près, un peu de gomina sur mes cheveux mi-longs (à la Calash Dooring), je me regardais dans le miroir prononcer avec autant de distance que l'acteur, la fameuse phrase "Eh ouais! T'fous la deux fois, et booms!" (Personne ne comprend vraiment ce qu'il dit (enfin, moi je ne comprends pas, mais je pense que les autres comprennent ("cher chevalier ordinaire, sache que personne ne comprend cette phrase et sache que chacun imagine que l'autre la comprend, signé ta conscience)) mais il faut avouer que c'est trop la classe, donc on la dit tout le temps)... je me pointe devant le ciné, reste quelque seconde devant une file de personnages impersonnels camouflant leur anonyme identité dans une orgie de parfum et de crème pour le visage.. Les décolletés plongeants et les Tshirt moulants parviennent presque à me faire oublier qu'on est en pleins hivers, qu'il est 18h30 et que la température extérieure frôle les 4 degrés. On s'assoit dans la salle, silence.... le film commence, sur une scène de guerre haletante, explosive, entrecoupée de scène sensuelle en très gros plan ou on voit un morceau de cheveux, une main qui attrape une cuisse sur le lit d'une chambre à la lumière bleutée, on voit un bout de seins (très important pour fidélisé le spectateur dès les premières minutes) et là, on s'aperçoit que les deux protagonistes de la scène de sexe sont les deux soldats de la scène d'action qui dans une course totalement surhumaine, finissent par provoqué une explosion qui fait apparaitre le nom du film.. À cet instant, je comprends quelque chose, j'ai déjà vu ce film, les cadrages, la narration, les personnages, ce film n'est qu'une accumulation de procédure détachée d'intension, cette vie n'est qu'une accumulation de procédure, bienvenu dans la quête de la procédure sociale.

En allumant la caméra, la première fois que quelqu'un a eu envie de faire un film, , il répondait à son intention de juste "faire un film" par une action. Tout ce qu'allait enregistrer sa caméra était naïf, improvisé, puisque son intention n'était que dans le fait de "faire un film (enregistrer des images qui bouge)"...son film présentait un homme, de face, en costume en plan large, qui faisait des grimaces. Beaucoup de spectateurs qui ont vu son film ont trouvé que ces images qui bougent étaient vraiment intéressantes et donc, d'autres réalisateurs opportunistes vont, à leur tour, vouloir "faire un film". La procédure étant ce qu'elle est, ils ont fait des films "à la manière du premier", considérant que tout ce que le premier a trouvé de manière naïve était les bases. Dans chacun des films, il y avait un homme, debout, en plan large qui faisait quelque chose (l'intention était dans l'activité de l'homme (grimace, trompette, danse, mime), la procédure était d’ant tous le reste (plan fixe sur homme debout).. Une fois que l'homme, debout eu été affublé de tous les accoutrements possibles, une fois qu'il eu fait toutes les activités qu'un homme statique puisse faire, l'engouement c'est estompé. Les gens ne se déplaçaient plus pour voir le nouveau film de l'homme au tambour ou du mangeur de pomme. Quelqu’un eu alors une idée révolutionnaire (ceci est une farce, il n'y a pas de révolution, juste des évolutions procédurières) oui, il ferait un film en plan large, statique, montrant un homme en costume qui ferait des choses, mais, tien toi bien, l'homme serait accompagné d'un autre homme.. Il y eut un silence avant qu'un tonnerre d'applaudissements vienne valider le génie créatif de cet homme qui révolutionnait tout un secteur par l'audace dont il faisait preuve. Je te passe les deux années qui survire ou l'on vit se succéder en pêle-mêle, des chefs d'oeuvre tels que "le mangeur de pomme et l'éplucheur de banane" ou encore le non moins célèbre "gratteur de guitare et le tapeur de tambour".. C'est d'ailleurs durant ce film que le tapeur de tambour si heureux d'être dans un film tapa le tambour avec tant d'entrain qu'il finit par en percer la peau. L’effet comique de la scène fut si imprévisible, que toute l'équipe présente eut un éclat de rire et le film sorti en salle sous cette forme-là. On venait d'inventer le cinéma comique, sans même l'intention de le faire, juste par ce qu'on avait ri, parce que l'action avait provoqué quelque chose chez nous et qu'on voulait, a notre tour, provoquer quelque chose chez les autres.. Donc les 2 années suivantes furent l'explosion de film tel que "le coquin tambourin et sont trompettiste marrant" ou alors "les zigotos de l'orchestre", qui fut une prouesse puisqu'on réunissait pas moins de 30 personnes devant la caméra avec des instruments.

Ce qui me semble intéressant, c'est que dans ce film "les zigotos de l'orchestre", même s'il s'agissait d'un film qualifié d'avant-gardiste ou chef d'oeuvre de ces 50 dernières années, il n'en demeurait pas moins être l'accumulation de toutes les intentions des précédents films (transformés en procédure). C'est-à-dire qu'il s'agissait d'un plan large sur plusieurs hommes en costume qui faisait des choses comiques avec des instruments de musique. Oui il y avait 30 hommes et après? La seule chose qu'avait fait ce film, en son temps, c'est pousser à l'extrême chaque procédure qui était la base du cinéma. 30 acteurs (au lieu de deux), 30 instruments (au lieu de deux), tous les instruments étaient cassés (film à gros budget). Ce film n'a rien inventé, il ne s'est que contenté de faire de la pornographie lorsqu'on était habitué à voir de l'érotisme. Et donc à chaque film, on va ajouter une nouvelle intention (volontaire ou non), et ces nouvelles actions serviront de procédure pour les prochains films, jusqu'à ce que la procédure soit poussée à l'extrême et qu'on décide de retrouvé un peu de sobriété en ajoutant une nouvelle intention qui va être instantanément figée.

Durant l'année qui suivit, on vit émerger une nouvelle intention qui était axée sur les costumes des personnages, avec des film tel que "le soldat et le commandant" ou on plaçait la trame des futurs films de guerre ou encore "le vagabond et l'enfant" qui annonçait le principe des films dramatiques, etc etc. L'intention n'était pas nécessairement dans le message, mais plutôt dans l'exploitation opportuniste d'une intention modulable (les costumes). C'est-à-dire que chaque nouveau film faisait intervenir de nouveaux types de personnage et, selon la manière dont ceux-ci allaient être reçus par la critique, il se changeait ou non en procédure. Le cinéma devenait diversifier, selon l'association de procédure que l'on décidait de mettre en place. Les diverses catégories qui se mettaient en place à ce moment-là n'étaient rien de plus que l'évolution logique de gabarit dont on avait fait le tour et auquel on ajoutait une intention (ou dans lequel on supprimait une des procédures (lorsque cela devenait trop indigeste).

Dans cette évolution en roue libre, certaines personnes arrivent avec des intentions, ils souhaitent dire quelque chose. La blague réside dans un défaut assez amusant, c'est que pour être compris, pour communiquer une intention,, il va falloir utiliser les "codes" que les gens comprennent, et les codes que les gens comprennent ne sont rien d'autre que les procédures précédemment assimilées. c'est à dire que le réalisateur qui fait le film quelque année plus tard en souhaitant parler de l'adultère fera un film qui s'appellera "le cocu et la femme" dans lequel un plan fixe deux personnages, des costumes, etc... même celui qui souhaitera faire un film marginal, puissant et totalement en marge ne fera rien d'autre que "la putain et le vendeur de cailloux" plan fixe, deux personnages, etc..

Pour conclure:
Je ne parle pas vraiment de cinéma, je parle de l'extérieur, lorsque tu entends trois notes de saxo et que tu dis "j'aime le jazz", ça revient au même que de voir le personnage du vagabond et de dire "j'aime les films dramatiques". Tu ne fais que juger les codes procéduriers, installé par évolution naturelle qui renferme les intentions dans des procédures que rien ne saurait déloger. Pourtant, le jazz, c'est pas juste Armstrong et sa trompette, c'est aussi de la flute, du banjo de la clarinette, c'est simplement une intention, ce n’est pas une procédure. Le problème, c'est que si tu ne peux pas juger une intention pour ce qu'elle est, on est contraint de t'offrir de la procédure pour espérer que tu nous comprennes. Donc il faut que tu aies des intentions, il faut que tu saches détacher tes intentions des procédures sociales pour faire quelque chose qui te ressemble vraiment, même si pour ça, il faut accepter que personne ne te comprenne.

Big bisous baveux

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