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Chevalier Ordinaire

Ma vie n'est pas très compliquée, je suis en quelque sorte à la recherche de quelque chose ..Je ne désespère pas de donner un sens à cette drôle d'aventure...Voici la quête inutile du chevalier Ordinaire !

QUÊTE 9 // La quête des Blocs..

Publié le 27 Juin 2017 par Chevalier Ordinaire in LES QUÊTES INUTILES

QUÊTE 9 // La quête des Blocs..

Parti de bon matin dans la forêt ,j'étais en train de chercher une quête que quelqu’un aurait accidentellement laissé tomber par terre (oui, ça arrive, le mec fait pas gaffe, il joue avec la quête et hop, elle tombe et roule sous un arbre et y a plus qu'à se baisser pour la ramasser (après, c'est comme pour les champignons, il y a les coins à connaisseur et il faut savoir différencier une quête comestible d'une quête indigeste, toxique ou hallucinogène (clairement j'en suis incapable)). Quand, soudain, derrière moi, quelqu'un m'interpelle de manière assez cavalière, il me tint à peu près ce langage "hey Du-Gland (de loin, mon grade de chevalier ordinaire ne lui a pas sauté aux yeux) t’as pas le droit d'êt'la, c’est interdit!" .. Bon, sans faire d'histoire, je m'approche du garde et me rend compte, en effet, que, pour entrer sur le terrain, j'ai coupé des barbelés, enjambé une barrière et ignoré 3 panneaux indiquant "t'as pas l'droit d'êt'là" (le "c'est interdit" était donc une fantaisie du garde). Une fois hors du terrain, il m'est apparu quelque chose qui m'avait échappé (tout absorbé que j'étais par ma cueillette de quête) c'est qu'un immense bloc était posé au centre du terrain interdit, en empêchant tout accès (tu me diras "hey, mais t'y étais, toi, sur le terrain interdit?" et je te répondrais "Oui, mais moi, je ne connaissais pas l'interdiction donc le bloc n'existait pas pour moi")

Tu vas en bouffer du bloc, donc quelques petits exercices de lecture : Blocoblucobloucoblacoblancobloikoblico (à lire au moins une fois pour éviter de voir comme une évidence la pauvreté des synonymes dans cette quête)

J'étais un peu perdu, c'est bien la première fois qu'une réglementation quelconque venait contrarié ma déambulation.. Je suis parti en direction du château qui était visible de la forêt, pour en apprendre un peu plus sur ce bloc.. En chemin, j'ai prêté attention à chaque panneau, chaque indication qui évoquait la vie au château, les lois, les contraintes de vie, j'ai demandé à chaque personne que j'ai croisée quelles étaient les règles de la cité.. Je suis arrivé à l'entrée du château et là, j'ai levé les yeux ... NOM DE DIEU ! Il y en avait partout, des blocs de toutes les couleurs, de toutes les formes, des blocs sur les blocs, des blocs dans les blocs... je n'avais jamais rien vu d'aussi aléatoire et brouillon, on aurait dit que personne ne s'était concerté pour les placer... le château était un immense amas de blocs en équilibre...

Dans l'idée de me rendre à la place centrale du château, j'ai poussé quelque bloc qui étaient sur mon chemin et qui empêchaient ma progression, quand j'ai entendu (les gardes sont tellement prévisibles) "halte là !" un garde est venu à ma hauteur et m'a indiqué que j'avais enfreint une loi... laquelle? Celle qui stipule qu'il est interdit d'enfreindre la loi (c'est l'avantage avec la réglementation, elle se suffit à elle même)..On m'a alors conduit au roi et en chemin, je me suis lancé dans la quête des blocs..

Je pense que pour comprendre le concept de bloc, il faut recommencer tout.. Vas-y, imagine..
Imagine que des gens tout nus et tout poilus se déplacent en petit groupe. Ils n'ont qu'un but dans la vie (étrangement, comme toutes les choses qui vive sur la Terre (ouais, t'as raison, pure coïncidence)) SURVIVRE ! il ne s'intéresse pas à leur semblable, mais se sont rendu compte que quand une grosse bête charge sur eux (comme quand on traverse un passage piéton), on a moins de chance de mourir au milieu d'un groupe. Ils ont également vu que quand on attaque une grosse bête (comme à la sortie du Fahrenheit CLUB), on a plus de chance de la tuer et de la manger (oui, les rixes, c'était aut'choses).. La cohabitation était pratique, chacun pouvait y trouver son compte, mais il y avait un petit souci... ces guguss poilus,bossus et pieds nus, avaient la faculté de penser... de penser que les choses pouvaient être autrement . Rien n’est plus instable que quelqu'un qui pense, c'est de la saloperie (me confiait un ami qui règne en tyran sur un pays imaginaire). Quelqu’un qui pense et seul avec lui, il n'est plus un élément du groupe, il est son propre groupe, il a ses propres règles (évolutive et personnelle) et ses propres admiratrices (quête 8)..

Chaque matin, on découvrait des lettres d'homme qui avait quitté le groupe durant la nuit, partie survivre selon leurs propres convictions,  refusant de déstabiliser l'équilibre parfait des choses en se regroupant en cartel avec leurs semblables, ou pensant que le corps n'était qu'une enveloppe et que l'âme était immortelle et blablabla et gnagnagna...

L'ensemble des membres du groupe eut une idée, pour éviter que les hommes ne s'éparpillent et qu'il cherche pour eux seul, un moyen de survivre, il suffisait de placer autour du campement des blocs de pierre. Malheureusement, ça n'a rien changé (parce que les gars, malgré leurs manques cruels de vêtement, étaient très habiles)


Donc, le groupe eut une autre idée..  Ils devaient, tous, se persuader que les blocs étaient infranchissables, et pour ça, il suffisait simplement de placer la perception des blocs dans leurs têtes d'homme poilu :
-par la connaissance et l'ignorance dirigée (dehors on va mourir ici on se protège)
-par la réglementation des relations (puisque je t'aime je resterais vers toi toujours)
-par les principes (un homme n'abandonne jamais sa famille )
-par l'uniformisation du groupe (chacun doit avoir des craintes, des préoccupations et un but similaire)
Dans le but de créer la fierté d'être de la communauté / et la crainte d'être rejeté

Ça a marché, les hommes formaient un groupe uni qui pouvait se protéger mutuellement, car ils ne craignaient plus que les autres ne s'en aillent. Si on apprenait que quelqu’un avait l'intention de déplacer un bloc, il était humilié, battu et blafouillé (c'est un terme de l'époque (et ça ne faisait rire personne (c'est une torture particulièrement originale qui consistait à battre à mort une personne avec ses propres parties génitales (elle a été abolie dès lors que les hommes ont cessé de vivre nus (battre quelqu'un avec ses vêtements étant bien moins divertissants)))).

On venait de créer le concept de structuration de la communauté (en groupe on va plus loin)

Les blocs protègent l'homme (être pensant) contre lui même, contre son inhumanité et son incapacité à vivre en groupe de manière constructive (sans les blocs, l'homme est un animal quelconque).
L'homme projette , par l'accumulation d'angoisse, le quadrillage et les blocs abstraits qui réglementeront les hommes d'après. La communauté est une roue ou l'homme se prive lui même de ses propres pulsions, de ses préoccupations égocentrées, de sont but en tant qu'individu et de sa place en tant qu'être vivant. Plus le groupe accepte les blocs, plus ils sont consolidés et deviennent imposants (tout est transmission).

Exemple (à propos d'un graffiti)
-Papa pourquoi?
-Pour partager, et se sentir exister entre les blocs .

(le bloc devient petit, il peut peu être oublié, traversé ou enjambé)

-Papa pourquoi?
-pour dégrader
(vous venez de passer votre descendance en mode "monster Bloc")

Les blocs étaient, à l'origine, créent par le groupe qui comprenait leurs utilités (les premiers blocs en tout cas, car ça devient très vite très compliqué). La situation actuelle est devenue d'une telle complexité, que l'on rêve de complot dans l'espoir que quelqu’un comprenne encore le fonctionnement de ces blocs abstraits.
On perd en les empilant sans raison, l'essence des blocs, car c'est valable d'imaginer qu'on puisse faire cohabiter des hommes en les réglementant , ça l'est, moins d'imaginer que la réglementation est un but en soi..

L’adulte validé par la communauté est celui qui se faufile entre les blocs,mais pas parce qu'il les voit, justes parce qu'il suit la personne devant lui qui évite les blocs (mais pas parce qu'il les voit, juste parce qu'il suit la personne devant lui qui évite les blocs (mais pas parce qu'il les voit (t'as compris le principe) etc..))

Le but n'est pas de se taper la tête sur chaque bloc (parce qu'on serait contre le principe), c'est idiot (c'est ce que font les syndicats, les révoltés) le but est de percevoir les blocs pour se figurer la réglementation afin de choisir ou non d'en faire abstraction. Seul, on peut traverser les blocs (les faire disparaitre), le groupe ne fait que les déplacer (par l'assimilation ou l'exclusion collective de la contrainte)..

Bonus : le groupe n'est pas une personne, c'est un troupeau sans conscience...

durant les mouvements de foule, il se contente de détruire sans réflexion les machines quand il faudrait s'intéresser à quelque rouage défaillant.. Il ne faut pas attendre que le groupe se lance pour courir avec lui, car le groupe t'entraine, te guide, te pousse... c'est un bloc comme les autres.

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