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Chevalier Ordinaire

Ma vie n'est pas très compliquée, je suis en quelque sorte à la recherche de quelque chose ..Je ne désespère pas de donner un sens à cette drôle d'aventure...Voici la quête inutile du chevalier Ordinaire !

QUÊTE 42 // En quête d’ailleurs !

Publié le 6 Juillet 2018 par Chevalier Ordinaire in LES QUÊTES INUTILES

 QUÊTE 42 // En quête d’ailleurs !

Assis en tailleur au milieu de ma chambre décorée par les photos de stars découpée dans "salut les copains", j'étais en train d'écouter sur ma platine en bakélite orange et blanc, un vinyle de jean Ferrat que j'avais pris dans la collection de papa. Mon père ne jure que par ça "enfin un chanteur qui ose appeler un chat un chat" qu'il dit.. Voulant me faire ma propre opinion et ne pas être endoctriné par la morale snob à la papa, je me mets à écouter cet album. Je le laisse tourner alors que je rempli mon journal intime et une chanson me fait sortir de mes rêveries, une chanson qui sera le début de ma quête, une chanson ou Jean ferra parle de l'Afrique, qu'est ce que l'Afrique vient foutre dans cette histoire, jean ferra c'est plutôt, la commune, les rouges, cuba OK , mais pourquoi l'Afrique ....

ma tête se met à tourner, y a t'il un lien avec la chansons "Afrique adieu" de Sardou ou avec rose Laurens qui chante "africa j'ai envie de danser comme toi", y a t'il un lien avec Nougaro qui, entouré de musicien africain chante sa "locomotive d'or" qui traverse l’Afrique ou de Gainsbourg qui prétend que " Là-bas c'est naturel Là-bas Au Kenya" et Pierre Perret qui se retrouve à créer la danse du riz pillez...Qu'est ce que c'est que ce bordel?

Les débuts de Gainsbourg, de Ferrat, Nougaro ou Perret, n'annonçait en rien qu'un jour il se pomperait mutuellement (avec plus ou moins de bon gout il faut l'avouer), alors que c'est il passé? Bienvenu en quête d’ailleurs !

Avant d'être un habitué, l'homme était un individu (cheval fougueux) .

La première fois que je suis entré dans une ville je me suis dit que je n'aurais jamais assez d'une vie pour parcourir toute l'immensité de cette accumulation de construction qui s'étendait à perte de vue. J'étais un ridicule microbe au centre d'une carte dont les bords n'étaient même pas définissables, ou tout allait à une vitesse incroyable et, ou l'activité permanente entrainait une effusion de créativité dans une perpétuelle évolution... ça, c'était avant... j'ai habité dans cette ville et très vite, j'ai connu le nom des rues, les horaires des bus, le prix d'un demi, j'ai connu avec précision l'endroit ou commençait la ville et celui ou la ville s'arrêtait et surtout j'ai su placer la ville sur une carte, j'ai compris qu'il y avait d'autres villes ailleurs, que celle-ci n'était pas très grande... je suis devenu très grand dans une ville qui était trop petite et lorsqu'on me dit "il y a quoi à faire?" je réponds "il n'y a rien à faire, c'est mort".

Alors... Pour moi la découverte, c'est comme entrer dans un espace vide et immense sans aucun repère. On regarde autour de nous et rien de connu n'arrête notre regard, donc tout est comparable à tout et c'est comme si tout fourmillait de détail. On ne différencie pas une immense affiche d'un monument d'une belle maison, d'une gare, tout semble incroyable, car sans aucun élément de comparaison.

Ensuite, on va commencer à banaliser notre environnement lorsqu'on va commencer à le regarder d'une manière technique et pratique et non comme un fourmillement de détail purement esthétique. Les espaces publicitaires vont devenir de l'information, la gare, un lieu de départ ou d'arrivé, les belles maisons vont devenir juste hors de prix et les monuments des "niches à touriste" (à éviter pendant les vacances).

La connaissance, la comparaison, va baliser l'espace (le structuré) jusqu'à nous donner la sensation fausse de le maitriser. Je dis fausse, car en fait, on ne maitrise rien du tout, juste les "codes sociaux".

Exemple : j'arrive pour faire mon premier jour dans une entreprise qui découpe du plastique, tout est nouveau et je regarde émerveiller ces innombrables machines. Je vois alors un carton rempli de petit rond de plastique, je demande si je peux le prendre et le chef en souriant me dit "oui". Ce carton est comme un trésor dans ce nouvel environnement infini. Quelque mois plus tard, j'ai structuré ce nouvel environnement et sais que les ronds de plastique sont des chutes qui correspondent aux empreintes réalisées par la découpe laser dans les feuilles brutes, destinées à la poubelle. Ce n'est plus un trésor esthétique ça devient un déchet technique, il n'a pas d'intérêt. Je sais qu'il y a 15 machines et je connais le but de chacune, je sais que cette entreprise est petite en comparaison à la concurrence.. Voilà, je "maitrise cet environnement technique.

Ce qui est drôle c'est que ça marche avec tout .. Le midi j'avais une pause de 15 minutes, le chef annonce que la pause sera désormais de 2 heures, un espace infini s'ouvre à moi, je peux déambuler comme bon me semble, j'ai le temps pour une quantité invraisemblable d'activité, mais ça ne va pas durer. Je vais commencer à structurer cet espace, à le baliser en y mettant un repas, un café, une cigarette, un tour sur le site de la météo, un petit coup d'oeil à mon profil Facebook et cet espace va très vite devenir insuffisant au vu des "habitudes" que je vais développer dans cet espace. Je finirais par dire que je n'ai pas une minute à moi, puisque j'aurais empilé dans cet espace vierge des cubes de contrainte qu'il me sera impossible de déplacé et très vite ce créneau horaire deviendra insuffisant, car j'aurai la sensation de galérer à me rayer un chemin aux coeurs des constructions oppressantes dont j'aurais structurer mon espace de liberté .

J'aime bien lire de vieux roman de voyage, car ça me donne la sensation que le monde est grand alors qu'on l'a tellement quadrillé qu'il nous semble aujourd'hui ridiculement petit (tu ne connais toujours pas le nom des plantes et insecte qui vivent dans ton jardin, mais tu connais la population et le PIB de l'Ukraine (non? Moi non plus, c'était pour l'exemple).

À penser tout maitriser, le temps semble s'écouler plus vite, car tout le monde le sait "les journées sont courtes", et tout le monde le sait, "on n'a le temps de rien". Mais ça n'est qu'une perception, en réalité, en arrêtant de s'habituer à tout, on vi dans un émerveillement permanent. Le plus compliqué est de perdre la perception technique des choses pour ne les rendre qu'esthétique que des détails de notre environnement, sans comparaison ni balisage.

Pour conclure :
Les nouveaux chanteurs impressionnent par le vent nouveau qu'ils font souffler dans l'espace de liberté qui leur est offerte, ils expérimentent, perturbent et court partout comme des chevaux fougueux parcourant en pleine liberté, les steppes de Mongolie. Très vite, ils pensent pourtant "en avoir fait le tour" et deviennent persuadés qu'il n'y a plus rien à chanter.. Ils ont en fait rempli leurs espaces de liberté d'habitude, de certitude, de thème, de style, de référence qui très vite vont les étouffer, si fort qu'ils ne trouveront aucun autre moyen que d'aller regarder ailleurs pour retrouver l'émerveillement esthétique d'un nouvel espace de liberté (qu'ils réglementeront de la même manière).. L'idée serait d'ouvrir les yeux sur la complexité réelle de ce qui nous entoure et sur l'évolution perpétuelle d'un environnement dont on ne pourra jamais faire le tour (ou alors tu changes de femme, de boulot, de ville, d'ami dès que tu es persuadé de tout maitrisé de l'environnement restreint que tu t'es fabriqué, mais ça en revient a faire des chansons sur l'Afrique).. Bonne journée!
 

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