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Chevalier Ordinaire

Ma vie n'est pas très compliquée, je suis en quelque sorte à la recherche de quelque chose ..Je ne désespère pas de donner un sens à cette drôle d'aventure...Voici la quête inutile du chevalier Ordinaire !

QUÊTE 43 // En quête d'un Symptôme..

Publié le 14 Juillet 2018 par Chevalier Ordinaire in LES QUÊTES INUTILES

QUÊTE 43 // En quête d'un Symptôme..

Alors que j'étais aux bistrots avec quelques voyageurs égaré (dont je faisais partie), l'un d'entre eux s'est mis à nous parler d'un royaume qu'il a traversé, non loin de là, ou il a été témoin de scène d'une cruauté inhumaine.. Le peuple, qui avait toujours été porté par un vent de liberté, d'honneur et de bravoure, se retrouvait privé de son humanité, se trouvait rabaissé au rang d'animal nuisible .  Les personnes qui avaient osé parler au voyageur disaient qu'ils espéraient en cachette la venue d'un chevalier qui viendrait amener l'étincelle de la révolte (ça tombait plutôt bien, j'avais un briquet (me dis-je entre parenthèses))...
J'écoutais ça, attentif, et je m'imaginais déjà acclamé par une foule en délire reconnaissance du rôle que j'avais joué dans sa libération, j'imaginais déjà les farandoles joyeuses que feront en mon honneur les villageoises libérées de l'emprise du tyran... en rêvassant, j'esquissais un petit sourive, puis, reprenant mes esprits je lançais énergiquement mes deux points sur la table et , regardant colérique mes deux voyageurs, je lançais comme un défi à leur regard surpris "et alors! qu'est-ce qu'on attend!".. Je me dressais en bousculant ma table où les chopes valdinguèrent et, voyant que toute la taverne c'était tourné vers nous je leur lançais en criant , "c'est le moment de prouver que vous n'êtres pas des figurants! on va allé cassé du tyran!".. Et on partait en criant, rameutant sur le chemin les badauds curieux, qui trouvaient bien vite des torches, des fourches, de quoi aller retourner un pays en une nuit...
C’est alors que quelqu’un me tapote l'épaule avec insistance, je me retourne et vois dans la foule, un petit bonhomme avec une armure propre, de petites lunettes et air désolé. Il me demande si on peut s'éloigner un peu de la foule pour s'entretenir.. Voici son discours :
-bonjour Monsieur Ordinaire, je suis le chevalier psychosocial, je vous regarde depuis votre départ de la taverne, c'est très bien ce que vous faites, MAIS Il semblerait que vous soyez atteint de trouble oscillatoire à tendance chevaleresquo-narcissique et que vous êtes actuellement en phase de positivisme fantasmagorique. La sensation d'injustice et le désir de changement font partie des symptômes de cette maladie psychologique dont vous souffrez, au même titre que le charisme, l'audace, la prise de risque déraisonnable, le pouvoir de persuasion..Tenez, voici ma carte, je peux vous aider.
-M'aider à rendre sa dignité à un peuple? lui demandais-je taquin
-non, vous aider à comprendre que tout cela est normale et vous aidé à régulé votre état pour que vous ne pensiez plus à ces choses inutiles.
-"Enculé de répugnante crevure de fond de chiotte de festoche" dis-je du coin des lèvres en lui serrant la main, "merci beaucoup du conseil ! bienvenu en quête d'un Symptôme."
-Un Symptôme! Ou ça ou ça ! 

Freud, dans son introduction à la psychanalyse, décrit la société comme une salle de congrès où l'un des hommes serait très agité. On le ferait sortir de la salle et, alors qu'on penserait le mal résolu, celui-ci continurait à faire du raffut derrière les portes, à tambouriner et à hurler son mécontentement (les marginaux sont tellement irrespectueux). Le rôle du psychothérapeute consisterait à travers le dialogue, à trouver un terrain d'apaisement qui permettrait à la personne de revenir dans la salle sereinement (même lorsque le terrain d'apaisement se trouve être 5 séances/semaine . L'idée de base semble cool.

Imagine que je sois dans une salle où l'on torture des chatons. J'exprime mon indignation et l'on me sort de la salle. Une fois dehors (et ne pouvant ignorer ce que je sais), je décide de faire des pétitions, des manifs, du bordel quoi. Une personne entrouvre alors la porte de la salle et propose de m'aider à soigner ma "maladie"  pour revenir m'assoir sereinement dans la salle de torture. Mon indignation légitime d'individu réfléchi est donc perçue comme un défaut dans cette salle de torture, et une personne est là pour me débarrasse de ce défaut ..GÉNIAL ! Tu comprends?

Donc voici le problème, ce qu'on appelle "la vie" est une vie sociale au sein d'une structure qui est totalement détachée de notre vie existentielle (comme si tu adorais courir pied nu dans les champs et qu'on te forçait à marcher en chaussure sur du bitume). Nous ne sommes pas adaptés à cette vie sociale, car elle ne correspond pas à nos aspirations d'individu unique, elle corresponde à une chrysalide orientée vers une intention (quête de la chrysalide). Une société diversifiée est une société qui permettrait (malgré la structure) aux hommes d' assumer leurs personnalités au sein du groupe.
Sauf que la personnalité est une histoire de perception et, ce qui te caractérise en tant qu'individu unique, peut être considérée comme un affront a la cohésion du groupe et donc comme un défaut. 

Exemple :

  • tous les hommes sont en pantalon en hivers et toi tu es en short, (ceci peut être considéré comme un affront à la cohésion du groupe (tu ne joues pas le jeu de la société))
  • Tout le monde parle calmement et toi, tu cries.
  • Tout le monde regarde ses pieds et toi tu regardes le ciel, etc..

Ce qui me fait rire (en fait pas du tout) c'est que chaque trait de notre personnalité peut potentiellement être considéré comme un symptôme. Lorsque quelqu’un a une personnalité originale, il plait par son originalité, son non-conformiste et la manière dont il s'affranchit des règles sociales. Une fois un diagnostic posé sur cette particularité, il devient esclave de ses symptômes, il devient un patient qu'il faut soigné. Tout ce qui donnait de la valeur à cet individu particulier devient un handicapé aux yeux d'une société qui le regarde avec tristesse et compassion. 

Exemple : un homme (ou une femme (coucou labr')) qui ne peut tenir en place se sent libre. La société le jugera comme "sans repère", il finira par y croire et demandera de l'aide. L’objectif sera alors de le confronter aux problèmes sociaux qu'il semble fuir pour qu'il puisse prendre place dans la structure sociale. la remise en question de la structure étant perçu comme un défaut il faudra remédier à cela. Peu importe que l'homme passe le reste de sa vie à se dire qu'il est de la merde, il aura réussi à venir à bout de ce défaut qui lui "gâchait la vie" (je me demande parfois si ce n’est pas la jalousie qui gâchait la vie des autres, mais bon).

Les relations humaines sont forgées par l'entraide. Je vois quelqu’un qui est triste, je vais vouloir le faire rire, l'aider, passé de bons moments avec lui,  Il s'agit d'un comportement normal qui fait lien social. Sauf que le chevalier psychosocial va analyser cette personne, et va considérer qu'elle a un défaut. Il va lui prescrire des médicaments, des séances et va le sortir du groupe, non pas pour lui donner le sourire (comme nous le faisions), mais pour le guérir de sa maladie (cet homme perd son identité pour ne devenir qu'un malade).. Je ne sais pas si ça a marché, la seule différence c'est que maintenant, il sait qu'il est dépressif et donc comme les dépressifs, il ne veut voir personne, il fait la gueule et avale des pilules pour éviter que ça ne s'aggrave. Maintenant, tout le monde sait qu'il est malade dépressif donc nous, on est un peu gêné, on parle avec lui de la pluie et du beau temps et de sa gestion de la maladie (et quand on rigole on s'excuse après). On ne l'a plus jamais revu. Il a remplacé le traitement humain par un traitement inhumain, détaché de la société (merci qui? (je ne fais que mon travail)).

Ce qui est triste, c'est qu'une virée entre copains à travers la France peut soigner n’importe quelle maladie, et ça fait de nous des chevaliers, mais on considérera que c'est du déni. Je pense qu'il ne faut pas tout mélanger, celui qui t'aide à accepter ta maison poussiéreuse, ta vie fade et sans intérêt et le couloir dans lequel tu déambules en regardant tes pieds, est un maton, c'est pas ça la vie! même s'il t'invite à faire des musées ou trouvé des passe-temps, ça n'équilibrera jamais ce qu'il t'a pris en te faisant assimilé l'idée que tu n'étais qu'une maladie.

Pour conclure :
Toutes les transformations sociales sont lancées par des personnes inadaptées qui considèrent que la société ne leur correspond pas. Si la société considère l'inadaptation des personnes comme un défaut auquel il faut remédié, c'est dangereux. Je crains que les défauts que l'on corrige actuellement et tous ceux que l'on ne tolère plus soient l'étincelle qu'il manquera à l'évolution positive de cette société fade. 

Il ne faut pas que nous devenions les victimes de nos Symptômes. Il faut que l'on accepte ce que l'on est, peu importe d'où tout cela nous vient. Il faut que l'on comprenne que tous ces défauts anormaux font notre particularité. On ne peut pas projeter à l'extérieur de soi des mécanismes internes dont on est le maitre, car on se retrouverait dépossédé de notre propre vie. (Comme un mec devant ton ordinateur qui sans demander ton avis, te dirait "ça t'en as pas besoin, ça non plus" et qui te trierait tes dossiers selon sa façon de ranger (celle qu'on lui a appris)).

Attention : lorsque je parle du chevalier psychosocial, ce n'est pas un homme, c'est un troupeau (un troupeau qui se laisse embarquer sans remise en question) . Lorsque je parle de la transformation de la société, je ne parle pas de prendre la bastille, mais bien de sourire à son voisin ou de savoir exprimer son désaccord quotidien (Rome ne s'est pas faite en un jour).

Pour revenir à mon histoire, j'ai bien réfléchi à ce que m'a dit le chevalier psychosocial et je me suis dit que si ma personnalité se trouvait être les symptômes d'une maladie mentale, ça ne changeait curieusement rien...on à tout retourné dans le village, on à dégager le tyran et j'ai eu droit à ma p'tite farandole, je ne vois pas trop ou est le problème. Bonne journée


 

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